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Dernière mise à jour : 8 oct.

Par Mathilde Haas


   Mathilde Haas, Avocat à la Cour
Mathilde Haas, Avocat à la Cour

Un chauffeur et un véhicule pour les anciens Premiers ministres uniquement pendant 10 ans


C’est la première décision de Sébastien Lecornu, nouveau Premier ministre, quelques jours après sa nomination : mettre fin aux avantages sans limite de durée de ses prédécesseurs. Le contenu de ce décret tient en deux lignes et ajoute quelques mots au décret n°2019-973 du 20 septembre 2019. Désormais, la mise à disposition des anciens Premiers ministres d’un véhicule de fonction et d’un conducteur automobile ainsi que la prise en charge des dépenses afférentes est limitée à une durée maximale de dix ans. Auparavant, aucune limite de temps n’était posée.


Décret n° 2025-965 du 16 septembre 2025 modifiant le décret n° 2019-973 du 20 septembre 2019 relatif à la situation des anciens Premiers ministres


François Bayrou signe, avant son départ, une circulaire sur le renforcement de l’autorité préfectorale


La circulaire du 5 septembre 2025 précise les modalités d’application des décrets n°2025-723, 2025-374, 2025-726 du 30 juillet 2025 relatifs aux pouvoirs des préfets. Ces décrets « ont notamment porté une refonte du décret du 29 avril 2004 relatif aux pouvoirs des préfets, dont le rôle a été ainsi redéfini et précisé à l'article premier. D'autres dispositions relatives au fonctionnement des opérateurs d'État et au rôle du préfet comme délégué territorial de ces établissements publics sont venues compléter cet édifice d'ensemble » dont la circulaire a vocation à préciser les implications concrètes.


L’ancien Premier ministre précise qu’il a modifié le décret de 2004 afin que le « préfet soit clairement reconnu comme le chef de file de l'action de l'État dans le territoire et le garant de la cohérence de l'action des services et opérateurs de l'État entrant dans ses missions » en lui conférant de nouvelles prérogatives. Il ajoute que « le repositionnement de l'autorité préfectorale comme chef de file de l'administration de l'État doit s'accompagner d'un renforcement de la communication sur l'action de l'État dans les territoires ».


Circulaire du Premier ministre (n° 6504/SG) du 5 septembre 2025 relative à la réforme de l'action territoriale de l'État et à la relance de la déconcentration


Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, lance une mission « État Efficace » confiée à deux hauts fonctionnaires


Cette mission fait partie de ses premiers actes. Sébastien Lecornu, tout juste nommé Premier ministre, a créé une mission dénommée

« État efficace » confiée à Pierre-Mathieu Duhamel et Denis Morin, deux hauts fonctionnaires, « afin de lui proposer des mesures pour une meilleure organisation et une meilleure efficacité du service public ». 


Son souhait est d’aboutir à des décisions rapides et concrètes, à commencer par la suppression par principe des différentes délégations interministérielles existantes, leur maintien devant désormais être l’exception.


Création de la Mission « État Efficace », communiqué de presse du 19 septembre 2025


Refuser de communiquer son mot de passe permettant d’accéder à son ordinateur justifie un avertissement


C’est ce qu’a jugé le tribunal administratif de Marseille au début de l’été. La requérante lui demandait d’annuler la décision par laquelle le président d’un syndicat mixte lui avait infligé un avertissement pour désobéissance hiérarchique après avoir refusé, durant son congé de maladie, de communiquer à ses supérieurs hiérarchiques, le mot de passe permettant d’accéder à son ordinateur de service.


Pour aboutir à cette décision, le tribunal administratif a pris en compte le fait qu’il s’agissait d’une réitération du refus de communiquer son mot de passe, que l’intéressée ne contestait pas que seul son poste de travail permettait d’effectuer la mise à jour ou d’accéder à certains logiciels, et qu’enfin il ne ressortait pas du dossier que la communication du seul mot de passe « d’ouverture de la session du système d’exploitation de son ordinateur à sa supérieure hiérarchique donnerait la possibilité à tout agent d’accéder à tous les logiciels installés et d’effectuer des actions en ses nom et place ».


Tribunal administratif de Marseille, 1ère chambre, 30 juin 2025, n°2210505


Le comportement inapproprié du supérieur hiérarchique n’est pas nécessairement constitutif de harcèlement sexuel


Un agent a sollicité le bénéfice de la protection fonctionnelle en raison de faits de harcèlement moral et sexuel qu’elle estimait avoir subis de la part de son supérieur hiérarchique. Le ministre de la Justice a refusé de lui accorder, raison pour laquelle elle a demandé l’annulation de cette décision au tribunal administratif. Elle dénonçait le fait que son supérieur hiérarchique avait pris l’initiative d’entretenir avec elle une correspondance sur whatsapp, « d’abord professionnelle, puis plus intime ».


Or, le tribunal administratif estime qu’il ressort des échanges produits que la requérante « a noué et nourri avec son directeur une relation extra-professionnelle au cours de laquelle elle a accepté de lui livrer des informations sur sa vie intime et d’échanger avec lui sur le ton de l’humour. Dans ces conditions, si le comportement de son supérieur hiérarchique paraît peu compatible avec ses responsabilités, il ne peut être regardé comme constitutif d’un harcèlement sexuel » à l’endroit de la requérante.


Tribunal administratif de Mayotte, 2ème chambre, 23 juillet 2025, n°2300192


Le Conseil d’État se prononce sur les questions juridiques


Saisi en mai par le Premier ministre, le Conseil d’État a rendu public son avis « sur les différentes catégories d’habitats « partagés » et comportant les six questions suivantes ». Ces questions portent sur la possibilité de cumuler les statuts susceptibles de s’appliquer à l’habitat partagé, sur la mixité des lieux de vie pour voir cohabiter des personnes présentant différentes vulnérabilités ou encore sur la distinction entre les statuts relevant de la législation des établissements médico-sociaux et ceux se présentant comme des logements ordinaires. Enfin, il a également été demandé au Conseil d’État de se prononcer sur l’opportunité d’une évolution du cadre normatif.

 

Avis du Conseil d’État portant sur les questions juridiques soulevées par les différentes catégories d’habitats « partagés », rendu le 15 juillet 2025, n°409650


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Lutte contre la pauvreté : un pilotage difficile dans la durée et des lacunes dans l’évaluation


« En France, en 2022, 9,1 millions de personnes vivaient au-dessous du seuil de pauvreté monétaire, fixé à 60 % du niveau de vie médian, soit 1 216 euros par mois pour une personne seule. » C’est ainsi que la Cour des comptes introduit ses observations définitives sur le pilotage par l'État de la politique de lutte contre la pauvreté. Après avoir rappelé que la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté présentée en 2018 avait un budget prévisionnel de 8,15 Md€ et 

« s’articulait autour de mesures relevant de la compétence de l’État et des organismes de sécurité sociale, et de dispositifs à mettre en œuvre par les départements dans le cadre d’une contractualisation ».


Malheureusement, la Cour des comptes déplore le fait que le comité d’évaluation n’ait pas pu « retracer en totalité le déploiement ni l’exécution des mesures portées sur les différents programmes du budget de l’État » et que l’évaluation des effets des nouvelles mesures n’ait pas été menée à bien. De même, du côté de la contractualisation avec les départements, une démarche d’évaluation avait été prévue, fondée sur la remontée d’indicateurs et des rapports d’exécution annuels, mais faute de s’appuyer un diagnostic initial dans les territoires, il est difficile d’en évaluer le résultat qui semble mitigé. Outre des problèmes d’évaluation, le rapport pointe une diminution du périmètre d’action de la délégation chargée du pilotage dans la durée.


Plusieurs recommandations sont faites à la fin du rapport, tendant notamment à « définir et suivre un agrégat stable des moyens consacrés à la prévention et à la lutte contre la pauvreté en mobilisant les données disponibles », « mandater le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale pour élaborer et mettre en œuvre un plan d’évaluation des mesures relevant de ce domaine », « unifier le pilotage de tous les contrats sous la responsabilité des Ddets et reconfigurer le réseau régional des commissaires à la lutte contre la pauvreté en appui aux services déconcentrés, en fonction des caractéristiques des territoires ».


Le pilotage par l'État de la politique de lutte contre la pauvreté, observations définitives, exercices 2019 et suivants



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La Cour des comptes fustige la gratuité et la tarification unique des transports


Ce rapport thématique de la Cour des comptes dresse un constat très intéressant sur le financement et la tarification des transports collectifs. Ainsi, la Cour des comptes estime que « la disparition de la tarification par zones géographiques et des tarifs reflétant la distance parcourue, au profit de tarifs uniques, a rompu le lien entre le prix payé et l’usage réel des services de transport, donc leur coût » en précisant que le dézonage ou le ticket unique est une singularité française.


De plus, le rapport déplore que la modération tarifaire ne cible pas mieux les plus défavorisés, les réductions se fondant sur une logique de statut plus que sur une logique de niveau de ressources. Il rappelle également qu’en 2019, 50 % des voyages ont été effectués à tarif réduit, 

10 % à titre gratuit et que dans ces conditions, les recettes tarifaires ne couvraient que 41 % des dépenses de fonctionnement des réseaux de transport.


S’agissant de la gratuité censée accélérer « la transition écologique et le report modal », le rapport met en exergue « les effets négatifs sur le plan financier, tout en ne s’accompagnant que d’un report modal des automobilistes très limité » sur les grands réseaux, ainsi que la mise sous tension de l’offre de service du fait d’une perte importante de ressources et d’une hausse de la fréquentation.


Ce rapport s’achève avec plusieurs préconisations parmi lesquelles la mise à disposition du public des informations sur les coûts, le financement et le taux de fréquentation des transports, « accroître la lutte contre la fraude », « veiller à préserver la part d’usagers payant un tarif standard en recentrant les réductions tarifaires sur payant un tarif standard en recentrant les réductions tarifaires sur les critères de ressources », « inciter les AOM regroupant plus de 

100 000 habitants à réaliser et à publier une évaluation socioéconomique ex ante et ex post des changements tarifaires significatifs ». 


La contribution des usagers au financement des transports collectifs urbains, Rapport public thématique, Septembre 2025


La Cour des comptes se penche sur le patrimoine monumental des collectivités territoriales


L’enjeu est important car c’est une « condition préalable à l’élaboration d’une stratégie de gestion et à l’anticipation des travaux de conservation » et pourtant les collectivités territoriales auraient, selon la Cour, une connaissance insatisfaisante de l’état de leurs édifices protégés.


L’enquête réalisée démontre aussi que les collectivités sont « confrontées à la complexité des règles de protection du patrimoine monumental » à laquelle s’ajoutent « des conflits entre les règles de protection du patrimoine et celles de l’environnement rendant plus difficile la prise en compte des impératifs de transition écologique ».


Pour remédier au constat dressé, la Cour des comptes formulent des recommandations parmi lesquelles « Ouvrir aux collectivités territoriales l’accès à la base ministérielle « AgrÉgée » qui recense l’état sanitaire des monuments protégés, à l’occasion de sa révision en cours », « Examiner d’ici fin 2025 les conditions permettant de modifier le plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) du patrimoine sans déclencher automatiquement la révision » du PLU, « renforcer la formation des élus en matière de réglementation et de gestion du patrimoine monumental à l’issue des prochaines élections municipales ».


Les collectivités territoriales face aux enjeux de leur patrimoine monumental, rapport public thématique, septembre 2025



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Interview - Juin 2025


Corinne Imbert, Sénatrice de La Charente-Maritime   Par Aodren Munoz 
Corinne Imbert, Sénatrice de La Charente-Maritime Par Aodren Munoz 

Le 13 mai, le Sénat a adopté à une large majorité la proposition de loi pour « Améliorer l’accès aux soins dans les territoires » portée par Philippe Mouiller, sénateur des Deux-Sèvres.


Corinne Imbert, Sénatrice de la Charente-Maritime est la rapporteure de ce texte qui sera bientôt débattu à l’Assemblée nationale en procédure accélérée. Pour le Journal des Départements, elle revient sur l’esprit et les grands principes de cette proposition de loi, son

ancrage fort avec l’échelon départemental et les enjeux de proximité qu’elle recouvre pour apporter des réponses urgentes et efficaces à la crise de l’accès aux soins qui touche l’ensemble des territoires français.

 

Madame la sénatrice, la proposition de loi (PPL) « Améliorer l’accès aux soins dans les territoires » a été adoptée à une large majorité au Sénat. Pourquoi avoir choisi l’angle territorial pour aborder la question de l’accès aux soins, première préoccupation des Français ?


Le défi de l’accès aux soins dans les territoires est un sujet de préoccupation majeur. Les élus locaux ont particulièrement la pression sur ce sujet crucial d’aménagement du territoire.

C’est pourquoi, nous avons porté une proposition de loi à partir des réalités locales pour lutter contre la désertification médicale.

Voilà un an que nous travaillons sur ce texte. Nous sommes partis du constat, partagé de tous, de l’absence de professionnels de santé dans les territoires, mais aussi de la fatigue exprimée par les médecins généralistes. L’autre point de départ du texte est notre volonté affichée de préserver la liberté d’installation. Nous avons ainsi abouti à un texte équilibré dont les syndicats d’internes eux-mêmes ont salué les points d’avancée concrète.


Pouvez-vous revenir sur les grands principes du texte ?


La PPL repose sur quatre grands principes : le caractère libéral de la médecine française et la liberté de choix des patients ; la souplesse, notamment face aux charges administratives ; la juste rémunération des services rendus par les professionnels de santé ; et enfin la coordination des soins.

Il est essentiel de souligner que la conditionnalité d’installation est bien différente de la coercition. Il est essentiel, pour nous, de préserver la liberté d’installation comme principe intangible.


L’autre point important défendu dans le texte est l’évaluation des besoins. Sur cette partie, nous proposons de laisser la main aux Conseils départementaux pour qu’ils s’en saisissent en lien avec les ARS, afin de dresser le zonage le plus précis et fidèle. Ce zonage pourra être affiné chaque année en fonction des évolutions, au plus près des territoires. Sur ce point, nous savons pouvoir compter sur l’agilité des Conseils départementaux. Je suis moi-même conseillère départementale de la Charente-Maritime. En tant qu’élue locale, je me suis naturellement inspirée de ce qui existe et que je vois tous les jours sur le terrain. Voilà pourquoi cette PPL est souple dans son approche. Aux Départements, si le texte est adopté, de se saisir des propositions que nous faisons. 


Je prends l’exemple de l’Office national d’évaluation qui a vocation à remplacer l’actuel Observatoire national de la démographie des professions de santé. Cet office vise notamment à arrêter une cartographie établie par l’ARS. La cartographie ne pourra être validée que par avis conforme des Conseils départementaux. 

C’est un vrai changement par rapport à la situation actuelle où les élus locaux ont très peu de marge de manœuvre.


L’accueil réservé à votre PPL a été bon, aussi bien du côté des élus locaux ou des sénateurs, que des professionnels de santé…


Nous sommes partis du terrain pour bâtir ce texte. Il est donc en phase avec les réalités et les attentes des acteurs de la santé. Ainsi, nous avons auditionné Départements de France en amont de la discussion du texte. À l’image de Philippe Gouet, président du Loir-et-Cher et président du groupe de travail Santé au sein de DF, les élus départementaux se sont montrés favorables à cette proposition d’office et de cartographie. L’analyse des besoins à l’échelle départementale est à nos yeux la bonne échelle !


Au Sénat, le texte n’a obtenu que 29 voix « contre » et des abstentions que je qualifierais de bienveillantes. Nous le voyons, ces notions de territorialité et d’aménagement du territoire font, sans surprise, écho au Sénat.

Nous voyons également un signe encourageant dans le fait que la PPL Mouiller ait été engagée par le gouvernement dans une procédure accélérée. Pourquoi cet accueil favorable ? Sans doute parce que cette proposition de loi est un appel au pragmatisme et à l’équilibre territorial. L’équité devant la santé est à nos yeux une exigence républicaine. Si la volonté politique suit, ce texte pourra être déployé très rapidement. J’espère désormais que les députés y verront un intérêt politique majeur. À nous, élus, de travailler collectivement, dans le respect des uns et des autres.


Que répondez-vous à ceux qui considèrent ce texte comme “frileux” ?


On peut faire des reproches au texte qui, je le rappelle, n’est pas une réforme de la santé mais un texte sur la question de l’accès aux soins dans les territoires. Mais j’ai envie de répondre « Qui propose mieux ? ». Notre PPL est déjà très dense et nous ne pouvions pas aborder tous les sujets dans un seul texte. Un point me semble essentiel, et qui dicte l’esprit du texte : notre but n’est pas de faire de la régulation, mais au contraire, nous disons aux médecins « Quand vous serez installés, donnez-nous un coup de main pour l’accès aux soins dans votre territoire ! ». Ce que je constate, c’est que des syndicats d’internes comprennent nos enjeux.

Propos recueillis par William Chancerelle - Juin 2025


George-Philip Chartier, Directeur de cabinet du président du Conseil départemental de la Marne
George-Philip Chartier, Directeur de cabinet du président du Conseil départemental de la Marne

Bordelais de naissance, girondin par goût des révolutions lentes et pacifiques, gaulliste comme une évidence depuis l’enfance. Une trinité constitutive. Le socle de pensée et d’action de George-Philip Chartier. Ses racines familiales puisent leur sel dans la terre d’un Tarn socialiste et ouvrier autant que dans la boue de Verdun où son arrière-grand-père se distingua au champ d’honneur. Est-ce pour cela qu’il y a en lui quelque chose d’une France où se mêlent la gouaille de Gabin, les grands combats politiques, la liesse d’un match de rugby ? Une certaine idée de la France qu’il ne se résout pas à voir disparaître même à l’heure où l’on déboulonne les statues et les commandeurs…

 

S’il a milité et travaillé au côté de Chirac et Juppé, s’il est grand admirateur de Chateaubriand, s’il n’a jamais caché sa sensibilité politique, il y aurait pourtant un contresens à voir chez George-Philip Chartier un chantre du conservatisme. C’est aux réformes qu’il en appelle, pour éviter les révolutions brusques et destructrices. C’est à un combat contre les certitudes et les dogmatismes qu’il se rallie. Parce qu’ils sont mortifères pour l’action et les compromis féconds.


Sa passion pour la politique, George-Philip Chartier ne la doit qu’à lui-même. Devant ses parents étonnés, ils dévorent les journaux et les livres d’histoire en culottes courtes. Il entend encore son père lui annoncer la mort de Pompidou, premier souvenir fondateur.


Naturellement, il n’attend pas le nombre des années pour militer et se prendre au jeu dévorant des campagnes et de leur fièvre. Ses diplômes de sciences politiques et d’histoire contemporaine en poche, il devient attaché du groupe RPR au Conseil départemental de la Gironde, lui, un « bébé Chirac », déjà Vice-président des jeunes RPR au niveau national, au côté d’un certain Benoist Apparu. 


S’ouvre alors l’ère Juppé à Bordeaux. Les inoubliables campagnes municipales et présidentielles de 1995 et le début des choses sérieuses pour lui. Élu à Bordeaux avant de rejoindre le cabinet de Juppé, George-Philip Chartier vit des années « TGV » auprès du maire Premier ministre. Tout apprendre, tout comprendre, et avoir la vie devant soi.


La vie, précisément. Celle qui s’arrête tragiquement pour Philippe Pireyre, le directeur de cabinet dont il était si proche. Une cicatrice à vif dont il ne pourra guérir qu’en quittant Bordeaux. Une page se tourne, loin de ses repères géographiques. George-Philip Chartier cultive depuis lors un sens aigu de l’intranquillité. La certitude - hormis celle des principes - est piètre conseillère. Or, son métier, précisément, est de conseiller ceux qui sont en responsabilité. Directeur de cabinet du président d’Eure-et-Loir puis de Jean-Paul Fournier à Nîmes, il se souvient de ce conseil de Chaban-Delmas d’agir comme quelqu’un qui a une mission et non une fonction. Quand le temps de la mission est fini, il faut se remettre en question et rebattre les cartes. Après une riche expérience aux affaires publiques de Suez, il rejoint le ministère de l’Intérieur alors dirigé par Claude Guéant.

 

L’intranquillité, c’est connaître les traversées du désert et les rendez-vous Pôle Emploi devant une conseillère quelque peu décontenancée par ce profil peu commun.

Le choix de l’intranquillité c’est aussi faire passer la déontologie avant tout et démissionner d’un poste passionnant lorsque son épouse devient maire de Biarritz en 2020.

 

La droiture a un prix. Elle peut aussi être reconnue. Lorsque Jean-Marc Roze, nouvellement élu président du Conseil départemental de la Marne l’appelle en 2022, il connaît le parcours de George-Philip Chartier et la constance de ses engagements. Il a besoin à ses côtés d’un directeur de cabinet capable d’assumer les réformes et leurs conséquences. Les deux hommes tombent d’accord même si le président l’oblige à le tutoyer en privé… On ne se refait pas !

 

Homme de lettres, de principes et de fidélités, George-Philip Chartier se refuse à devenir « une âme habituée ». Contre les nihilismes et les immobilismes, n’est-ce pas là le secret des engagements qui durent et des cœurs qui ne tarissent pas ?

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